Les entrevues entre la nouvelle municipalité et Ohé du Bateau se multiplient au sujet du Bateau ivre. Pourtant, le collectif s’estime “ dans une impasse ”.
Nous pensions que notre projet aurait une plus grande résonance avec la nouvelle municipalité. Cette phrase, prononcée par Franck Mouget illustre le sentiment de désillusion qu’ont témoigné, mardi soir, les membres d’Ohé du Bateau, à l’occasion de l’assemblée générale du collectif.
Ohé du Bateau et son président, Franck Mouget, s’étaient pourtant montrés optimistes quant à la réouverture du Bateau ivre, à l’issue d’un rendez-vous, en mai, avec le maire, Serge Babary, et son adjointe à la culture, Christine Beuzelin.
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« Pour la première fois, nous nous sommes sentis légitimes et écoutés », ont-ils expliqué, tandis que Claude Bourdin, membre du collectif, précisait que Serge Babary leur avait « demandé de retravailler les budgets de travaux et de fonctionnement pour la salle, ainsi que sur les questions de l’acoustique et du stationnement ».
Le 31 octobre, face à Christine Beuzelin, puis le 13 novembre, en présence de cette dernière, du maire, « ainsi que de représentants de la Sémivit (NDLR : société d’économie mixte propriétaire de la structure), et du directeur des bâtiments de la ville », selon les membres du collectif, un nouveau projet a donc été exposé à la Ville, présentant un programme de travaux minimal, comprenant toutefois des mesures d’insonorisation.
Mais, selon Franck Mouget et Claude Bourdin, cette entrevue aurait représenté l’occasion pour Serge Babary de revenir sur la question de la propriété du Bateau : « La Sémivit serait mal à l’aise avec ce dossier, depuis le départ. »
Un retour en arrière déploré par le collectif, qui réclame aujourd’hui « une volonté politique » de rouvrir le Bateau ivre. « Il ne s’agit pas que du projet d’Ohé du Bateau, clame Claude Bourdin. Nous voulons mettre en place un laboratoire des arts et de la culture, mutualisé entre tous les acteurs culturels de l’agglomération. »
Interrogée sur sa vision du projet, l’adjointe à la culture n’a pas souhaité s’exprimer. « Nous continuons les rencontres pour aider le collectif », a-t-elle seulement déclaré, avant d’ajouter que « si la mairie n’y croyait pas, les entretiens avec Ohé du Bateau se seraient arrêtés ».
Un débat a été ouvert, mardi soir, avec la cinquantaine de personnes présentes lors de la réunion de l’association, au cours de laquelle plusieurs idées ont été évoquées, telles que le rachat de l’équipement (1) par Tour(s)plus (2) et la création d’une société coopérative à intérêt collectif (Scic) – cette dernière solution étant celle qu’avait initialement envisagée Ohé du Bateau, sous la municipalité Germain.
L’idée de bâtir un programme culturel ailleurs qu’au sein du Bateau a, en tout cas, été écartée par le collectif (« Notre projet est lié à l’équipement. »). Ce dernier remettra, par ailleurs, un dossier complet à la Ville pour défendre son projet. Il y détaillera notamment le budget envisagé pour les travaux (200.000 €), le fonctionnement (avec un salarié permanent), ainsi que les disciplines artistiques qui pourraient être accueillies dans la salle (excluant la musique fortement amplifiée).
Le 6 décembre, les défenseurs du Bateau ivre achemineront ce document du Bateau jusqu’à l’hôtel de ville, en tentant « de mobiliser l’ensemble des Tourangeaux sensibles au projet ».
(1) Le prix d’achat du Bateau ivre est estimé à 420.000 €. (2) Selon le collectif, Serge Babary devrait évoquer la question en bureau des maires.
repères
La salle de spectacles Le Bateau ivre avait fermé ses portes en décembre 2010, suite au départ en retraite de sa propriétaire, Gisèle Vallée. Jean Germain l’avait ensuite fait acheter par la Sémivit, pour éviter qu’elle soit convoitée par les promoteurs immobiliers.
Léa Bouquerot